La place et rôle du chien dans la masseria

Bien que le chien soit sans doute avec le chat et les pigeons, le seul animal domestique de la masseria à pouvoir aller làoù il veut, le chien se voit attribuer des places particulières selon son utilisation, selon les habitudes de ses maîtres et selon les relations entretenues avec les habitants de la masseria. Ainsi ce sont les places particulières qui lui sont réservées et ses possibilités de déplacement qui fournissent les meilleures indications sur le rôle du chien et sur les relations que ses maîtres entretiennent avec lui. Pour qui arrivait dans une masseria ou dans toute autre ferme traditionnelle d'ailleurs, le premier accueil était celui du chien qui courre à la rencontre de l'étranger en aboyant. Ce chien qui est laissé libre de ses allées et venues, n'est pas considéré comme dangereux, pour d'éventuels passants, voisins ou bien même simples employés agricoles, clients etc. Dans la masseria c'était plus communément le volpino qui était utilisé pour cette fonction. Le volpino est un petit spitz d'Italie méridionale ayant une taille d'environ 25 cm, surnommé populairement ainsi pour sa ressemblance avec le renard (volpe en italien). Véritable alarme sur pattes, ce chien servait de sentinelle à toute la ferme, à un tel point, qu'il en arrivait à agacer ses propres maîtres voire même le bétail de la ferme, par ses aboiements stridents, intempestifs et répétés.
J'ai d'ailleurs une anecdote amusante à ce sujet, mon oncle Nicola MOSCHETTA était l'heureux ou plutôt le malheureux propriétaire d'une petite chienne volpino nommée Diana. À chaque fois que mon pauvre oncle, entreprenait de faire une sieste, fatigué de sa dure journée de labeur à la campagne, cette brave Diana le réveillait toutes les dix minutes. Soit parce qu'elle avait distingué de son ouïe fine une voiture qui passait au loin ... (à cinq mètres de sa niche), soit parce qu'elle avait surpris de sa vue perçante un avion qui volait..., etc. C'était une vraie teigne et il n'y avait pas meilleure gardienne qu'elle. Toute la famille la détestait, mais l'aimait en même temps beaucoup. Comme cette chienne était drôle de par son aspect, elle était toujours sur le qui-vive, ce qui lui donnait un petit air de princesse distinguée, finalement elle portait très bien son nom la Diana !
Volpino masseria de la famille BOCCI à San Giovanni Rotondo (FG)
(photo Giuseppe GIORGIO)
Cette sentinelle pouvant être suivi de près ou de loin par de jeunes cani corsi nés d'une nichée récente ou bien par au contraire par un très vieux cane corso devenu sénile de par son grand âge et/ou par tous autres types de chiens souvent de petites tailles jugés inoffensifs. Ces chiens de petits formats ne servaient pas uniquement que de sentinelles, ils avaient également un rôle beaucoup moins noble, mais néanmoins utile pour la masseria, ils étaient très doués pour attraper et tuer les rats, surmulots, souris et autres petits nuisibles (rongeurs ou non) qui grouillaient dans les étables, bergeries, écuries, basse-cour, grenier (à grain) et l'aia (cour où l'on battait le grain). Secondant les chats de la ferme qui par vocation étaient bien évidemment maîtres en la matière.
Après être entré dans la cour, il n'en est souvent pas de même pour le chien attaché. Ce gardien beaucoup plus agressif à bien souvent été attaché afin que son agressivité se développe plus sévèrement, ce rôle était souvent tenu par un ou plusieurs cani corsi, mais il pouvait aussi être tenu par de gros matins. Comme nous allons le voir les pages suivantes ces chiens n'avaient pas toujours une fonction exclusivement de gardiennage, ils pouvaient également être utilisés aussi bien pour la chasse que pour la garde des troupeaux. Il n'empêche qu'au moment où l'on pénétrait dans la cour le rôle du premier chien « sentinelle » était de prévenir les maîtres et toute la ferme, chiens de garde compris, de l'arrivée d'un étranger. Et le rôle du second chien de « garde » était de s'interposer entre un bien et « l'étranger » en empêchant l'accès de divers lieux ou des différents biens qui pouvaient être entreposés dans la cour, en cas d'absence de ses maîtres.
La troisième rencontre avec la gent canine pouvait-être celle faite, en pénétrant dans le saint des saints « l'habitation » des paysans. On pouvait y rencontrer un chien couché sous la table ou près de la cheminée. Ce chien autorisé à rentrer dans l'habitation était souvent un vieux chien « à la retraite », ou encore le chien « favori » du maitre ou d'un enfant de la maison (chose rare).
Le chien pouvait aussi être enfermé dans la cave ou une remise désaffectée. Souvent les chiens de chasse restaient enfermés, afin d'éviter qu'ils divaguent dans la campagne en dehors des périodes de chasse.
Dans la ferme le chien disposait donc de différentes possibilités de se déplacer en fonction de son rôle et de ses relations avec ses maîtres. À l'extérieur, il était ou n'était pas attaché. Il avait ou n'avait pas le droit d'entrer dans l'habitat. Il était ou n'était pas enfermé, la plus grande partie de l'année. 
mâle appartenant à la Famille BOCCI - San Giovanni Rotondo (FG) gardant l'entrée de l'étable (en arrière plan près de la palette son binôme "volpino")
(photo Giuseppe GIORGIO)
Auteur Giuseppe GIORGIO