Espèce originelle canine, dates et lieux

De touts les animaux domestique c’est sans aucun doute le chien, que l’homme tient le plus proche de lui, non pas qu’il ait été le premier ou l’un des premiers animaux à être domestiqué, mais surtout par ce qu’au cours des millénaires, il a été, avec une majeure attention, modelé, adapté, aux nécessités et aux divers emplois dont l’homme avait besoin.
Le résultat est merveilleux et stupéfiant à la fois : le chien a une variété incalculable de forme, de dimensions, de robes et de caractères, dans une gamme allant de
Vous pensez bien qu’un tel processus de domestication ne pouvait qu’attiser l'intérêt des scientifiques et chercheurs du monde entier, dans le  but d’approfondir la thématique sur l’origine du chien, mais aussi sur celle de l’homme. Cette thématique c’est longtemps divisée en deux lignes de pensées.


Konrad Lorenz - 1903 - 1989
Une première, celle qui soutient que toutes les races descendent d’un seul et unique canidé primitif sauvage. Parmi les partisans, de cette théorie dite de la monophylétique, nous trouvons les célèbres naturalistes, Carl Von Linné (1707-1778), père fondateur de la systématique, Georges Cuvier (1769-1832) l’un des premier initiateur de l’anatomie comparée, ainsi que le naturaliste Georges Leclerc comte de Buffon (1707-1788), principal auteur de cette œuvre  gigantesque qu’est  l'Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy, découpée en 36 volumes parus de 1749 à 1789, dont huit parurent après sa mort. Il réussit à y inclure tout le savoir de l’époque sur les sciences naturelles. C’est dans cet ouvrage, qu’il fût l’un des premiers à relever des ressemblances entre l’homme et le singe et la possibilité d’une éventuelle généalogie commune. En 1755 le comte de Buffon envisagea le problème autrement que ses prédécesseurs et, ce qui est très remarquable à notre sens pour l’époque, c’est qu’il préconisa des expériences pour résoudre cette énigme sur l’origine du chien.
Des résultats de croisements avec des loups, il en conclut que le canis familiaris constituait une espèce distincte du loup et non une sous-espèce de loups « dégénérés ». Enfin non seulement il décrivit et dénomma et figura toutes les races de chiens alors connues, mais il chercha également à les regrouper d’après une idée de filiation qui l’amena à considérer que les chiens les moins « dégénérés », donc les plus proche du loup à ses yeux, étaient les chiens de berger.       

La seconde soutenue par d’autres éminents personnages tentent de nous démontrer que le chien descendrait d’une évolution de diverses races de souches originelles multiples. Cette théorie, dite de la polyphylétique, compte parmi ses plus grands supporteurs et de majeure renommé, Charles Darwin (1809-1882), père de la théorie de l’Evolution portant sur le concept de la sélection naturelle, ainsi que le talentueux autrichien Konrad Lorenz (1903-1989), fondateur de l’Ethologie, si chère à nos amis comportementalistes.
Le Pr. Konrad Lorenz, quand à lui, met plus l'accent sur les différences comportementales et caractérielles, plus que sur celles morphologiques, pour arriver à la conclusion que seuls les chiens nordiques descendraient du loup, cependant toutes les autres races auraient pour ancêtre commun, le chacal. Mais Lorenz se rétracta à la fin du 20ème siècle, en admettant que le loup puisse être l’ancêtre commun de notre canis familiaris.
Il est opportun de rappeler qu’aussi bien le loup (canis lupus) que le chacal (canis aureus), ont de très nombreuses sous-espèces, ayant chacune des caractères morphologiques particuliers. Le célèbre biologiste et anthropologue Johann Friedrich Blumenbach (1752-1840), fut probablement le premier à prétendre dans son Manuel d’Histoire Naturel, Imprimerie Collignon, 1803, p. 118-119 « ....Qu’il n’est pas aisé de décider si toutes les différentes races de chiens doivent être considérées comme de simples variétés d’une seule et même espèce, et si cette même espèce provient du loup ou du chacal, pour moi je trouve dans quelques races, le basset, le lévrier, par exemple, une conformation trop particulière et trop bien adaptée à certaines fonctions, pour que je puisse croire ces propriétés conformes à une fin, les conséquences fortuites d’une simple dégénération... ».
Cette idée nouvelle de polysouche prit alors naissance sous l’impulsion de nombreux naturalistes et voyageurs qui observèrent la ressemblance des chacals et des loups avec les chiens des mêmes régions. Leurs observations concordantes forment un ensemble très  important d’informations qui ne peut être passé sous silence, mais en réalité elles ne constituent en rien un argument scientifique capital, car la comparaison, entre les animaux sauvages et domestiques n’a pas été toujours faite avec une rigueur scientifique suffisante, en raison de l’imprécision des caractères distinctifs des espèces.
De tous temps, bon nombre d’expériences d’accouplements entre canidés domestiques et sauvages ont eu lieu afin de déterminer une éventuelle filiation entre elles. Nous citerons ceux menés par Aristote, Pline, le marquis de Spontin-Beaufort, le comte de Buffon, Cuvier, Flourense, Kühne, Darwin, Hilzheimer etc…. Et nous verrons comme l’accord est loin d’être unanime sur certains sujets (espèces étudiées : loup, renard, coyote et chacal).
Ces études ou expériences, appelons comme bon nous embles nous démontrent que la durée équivalente de la gestation chez les diverses femelles envisagées, est en moyenne de 63 jours, avec des variations allant de 59 jours pour le minimum et 67 pour le maximum, ces informations rendent réalistes la fécondation réciproque de ces espèces. L’accouplement du loup et de la chienne (ou inversement) se fait sans difficulté, quelquefois même spontanément, d’autres fois par le biais d’une intervention humaine. Les produits obtenus sont féconds. L’accouplement entre coyote et le chien,  et entre le coyote et le loup, s’obtient assez facilement, et nous avons la preuve de fécondité des produits. L’accouplement entre renard crabier et le chien serait selon Charles Darwin effectué régulièrement par les Indiens. L’accouplement entre le chacal et le chien se fait assez aisément. Si le chacal et le loup s’unissent fructueusement avec le chien, il est permis d’en déduire que ces deux espèces se fécondent mutuellement. Le naturaliste Max Hilzheimer a obtenu d’après les informations de l’époque un sujet réunissant en proportions égales pour l’époque, les sangs de chien, de loup et chacal. Parlons maintenant du sujet le plus discutable, car les résultats portant sur l’accouplement entre chien et renard semblent être imprécis, voire flou. Des expérimentateurs ont échoués, d’autres disent avoir réussi… Ces essais sont trop peu nombreux pour que nous puissions affirmer quelque chose de concret. Les recherches sur l’origine du chien n’avance pas beaucoup jusqu’à la 20ème siècle, certains même continuaient à considérer que le canis familiaris constituait un seule et unique espèce dont la ou les souche(s) sauvage(s) fû(ren)t entièrement perdue(s) ou bien même entièrement domestiquée(s). Cependant aujourd'hui en ce début de millénaire, grâce à une plus grande connaissance dans le domaine de la génétique et du comportement, de nombreux chercheurs s'opposent à cette théorie de la polysouche. En se basant d'une part, sur les caractéristiques morphologiques, comportementales et génétiques des espèces et d'autre part sur le processus même de la domestication, on considère désormais que toutes les races de chiens actuelles ne descendent pas de deux ou de trois souches de canidés sauvages, mais bien d'une seule, en l'occurrence le loup. Ces premières études axées aussi bien sur des analyses comportementales comme par exemple celles des Pr. Erik Zimen en 1989 et Dr. Michael W. Fox  en 1978, que sur le plan hématique, plus précisément sur l’analyse des séquences mitochondriales d'ADN du chien, faites par le Pr. Raymond Coppinger en 1995, ou même de type  morphologiques comme celles du Dr. Juliet Clutton -Brock en 1976. Toutes ces analyses extrêmement détaillées, nous montrent qu’en comparant le canis familiaris à chacun de ses trois hypothétiques ancêtres le loup, le chacal et le coyote, c'est bien du loup qu’il est le plus ressemblant. Même, si les lignes de certaines de nos races, comme celles des chiens de types nordiques, nous semblent plus proches que d'autres du canis lupus, en réalité aucune race de chien n'est plus proche qu'une autre du loup. Aussi curieux que cela puisse paraître, notre petit teckel est d'un point de vue génétique un cousin direct du loup.
Ainsi, ces différentes études scientifiques évoquées ci-dessus, combinées tendent toutes au même résultat, il est ainsi aujourd’hui, assurément possible d’affirmer, que le loup est l'ancêtre le plus probable de notre canis lupus familiaris.
Si certains doutes subsistaient encore récemment, quand aux ancêtres du chien, il est  beaucoup plus simple de chercher à expliquer comment l'homme est arrivé à obtenir, à travers la poussée sélective, une multiplicité de races que nous connaissons aujourd’hui.
Les chercheurs Carles Vilà et ses collègues, remettent également en question la date de « rencontre » entre les hommes et canidés sauvages, lors d’une première publication scientifique parue en 1997. Leur étude a en effet pu démontrer que le canis lupus et le canis lupus familiaris ont commencé à se différencier, d'un point de vue génétique, il y a plus de 100 000 ans av. J.C. (date d’une éventuelle domestication). Des résultats publiés ultérieurement par la même équipe ainsi qu’une seconde équipe menée par le brillant  Dr Peter Savolainen en 2002, ont modifié radicalement ce chiffre ce qui daterait la domestication du chien vers 12 000 à 15 000 ans av. J.C. et nous démontrent également que tous les chiens domestiques actuels proviendraient d’une souche d’Asie orientale, d’où ils se seraient répandus en Europe, dans toute l’Asie et vers les Amériques en accompagnant l’homme, et notamment dans sa traversée du détroit de Béring, durant le Pléistocène. Cette équipe de chercheurs avanceraient même que la population de chiens actuels proviendrait d’un nombre restreint de louves eurasiennes, et que l’extrême variation morphologique observée actuellement dans l’espèce, ne résulterait pas de domestications géographiquement distinctes, mais uniquement d’une sélection établie au cours de ces 500 dernières années ! Ces résultats nous confortent sur l’éventuelle origine géographique asiatique de notre molosse.
Touts ces auteurs notent par ailleurs que l'évolution très rapide des chiens s'explique, par une pression sélective liée au processus de domestication. A partir du moment où leurs ancêtres sauvages ont partagé la vie des hommes, ils ont subi des modifications dues aux croisements, autant sur le plan morphologique, que physiologique et comportemental. Ces nouvelles conditions de vie ont d'autre part provoquées chez le canis familiaris une plus grande capacité reproductive, puis qu'il est sexuellement mature plus rapidement qu’un loup et en ayant deux périodes d’oestrus (phases d’ovulations) annuelles et des portées plus nombreuses (pour les femelles) que leurs lointains cousins sauvages.
Nikolaas Tinbergen - 1907 - 1988
Auteur Giuseppe GIORGIO

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