Croyances populaires, contes et légendes, la naissance d’un mythe "Le cane corso"



La « croyance populaire » a toujours tenu et tient encore même aujourd’hui une place très importante dans la vie sociale, religieuse et économique de ces régions rurales qui forment le Mezzogiorno. La croyance populaire est une vérité tellement ancrée dans l’imaginaire collectif qu’elle est érigée au rang de quasi dogme. Croyances qui par ailleurs ne sont jamais remises en question. On y croit comme certains croient aux superstitions, ou au destin. Qui d’autre que l’être supérieur et parfait qu’est Dieu tout puissant, aurait pu créer un chien aussi parfait que notre cane corso ?

Pour cela nous allons vous conter la fabuleuse histoire de la création du cane corso, comme la tradition orale l’a toujours voulu, c’est à dire en toute simplicité et en abandonnant tous les clichés et préjugés religieux que vous pouvez avoir. Mais surtout en espérant qu’un jour à votre tour vous conterez aussi cette fabuleuse histoire à l’un de vos cadets passionnés par cette race, faisant ainsi perdurer la tradition paysanne qui à forger le cane corso. Nous ne doutons pas que tous ou presque tous les lecteurs et lectrices connaissent parfaitement ou à peu de choses près l’histoire d’Adam et Eve et du Paradis. Cependant il y a un fait qui nous sommes sûrs, ils ignorent….


Lorsqu’ Adam et Eve eurent mangé la fameuse pomme. Dieu ébahi les chassa du Paradis. Ils s’apprêtaient à en franchir les portes, lorsqu’ Adam osa formuler une prière en silence tout en levant les yeux… « Seigneur, montrez par votre grâce que vous n’êtes pas qu’un Dieu de Justice, mais aussi un Dieu de Bonté. Choisissez parmi toutes vos créatures une qui sera pour nous un compagnon ! Ainsi nous ne serons pas complètement seuls ». Eve aussi vint à son secours et leva également ses yeux pleins de larmes vers le Père Céleste, en une muette prière. Dieu toute divinité supérieure qu’il est, ne resta pas insensible aux charmes de sa dernière création, d’un geste pensif, il caressa de sa main sa longue barbe blanche. « Soit » dit-il enfin, « ce que femme veut, Dieu le veut », « je vous choisirai un compagnon ». Il fit entendre un doux sifflement, aussitôt, toutes ces créatures du cinquième et sixième jour, accoururent des quatre coins du Paradis et se rangèrent en demi-cercle autour de lui. Dieu leur exposa son désir, de suite s’éleva un vacarme formidable. De toutes parts, on entendit beuglements, bourdonnements, jappement, miaulement, jacassements, blatèrements et sifflement. « L’un après l’autre » dit Dieu en imposant le silence, « on ne comprend plus sa propre parole ! ». Le porte-parole des poissons déclara que son espèce n’entrait pas en question puisqu’il lui fallait de l’eau pour survivre et que part conséquent ils leurs seraient impossible de suivre l’homme sur terre. Les oiseaux prétendirent quand à eux qu’ils avaient besoin d’espace et de l’infini du ciel pour s’élancer dans les airs afin de prendre leurs envoles. Bref chaque espèce prétexta d’autres arguments pour justifier qu’il lui était difficile d’être le compagnon de l’homme. Aucun ne voulait quitter le Paradis et pour cause. Nulle part ailleurs l’eau n’était si limpide et si pure, le ciel aussi clair et bleu, les pâturages aussi verts et savoureux. Un ruisseau de lait s’offrait à qui voulait se désaltérer, les fruits étaient d’une grosseur et d’une saveur sans pareilles. Voyant que cette demande ne mènerait à rien, Dieu procéda autrement et s’adressa directement au lion. Or, celui-ci battait l’herbe, du bout sa queue nerveusement. Il fronçait des sourcils terriblement et hérissait sa crinière. « Comment ! » tonna t-il d’une voix retentissante, « je dois servir l’homme ? L’homme qui vous a offensé et que vous avez-vous-même banni du Paradis. Jamais ! Dés à présent je suis et resterai son ennemi à jamais, ainsi soit-il !». Pour donner plus d’appui à son refus, le lion poussa son premier rugissement. A l’entendre les autres animaux du Paradis tremblèrent de peur, c’est à partir de ce moment là que le lion fut formellement reconnu comme étant le Roi des animaux, Dieu n’insista pas. Dieu s’adressa ensuite à l’âne, « Toi, tu pourras suivre l’homme non ? ». Mais, l’âne secoua la tête d’un air buté, en bréant d’un air moqueur toutes dents dehors «Et nonnnnn ! Et nonnnn !». Après s’être adressé à plusieurs autres animaux, et sans arriver à aucun résultat, Dieu à bout de patience dit « Que des volontaires se désignent sur le champ ! ». Un moment de silence régna, puis du rang de l’espèce canine s’avança un chien de taille plutôt grande à l’aspect rustre, ayant une robe d’une couleur mal définie et aux oreilles raccourcies. A sa vue les autres bêtes éclatèrent de rire. Un gros chat peu élégant, qui se trouvait près de lui ne cessa de se moquer de lui et de l’accabler d’injures. Le chien le fixa avec insistance et en garda une vive rancune. « Attends gros chat murmura t’il, qui rira bien qui rira le dernier ». Quand l’occasion se présentera pensa t’il, je lui règlerai son compte, voila pourquoi même encore aujourd'hui le cane corso est l’ennemi juré du chat. D’un geste Dieu imposa le silence. Puis s’adressa au chien vaillant et lui dit « Tant d’abnégation, tant de courage et tant de bonté mérite bien une récompense. Malgré ta taille tu seras doué d’une force extraordinaire pour ton espèce. Tu seras terrible au combat, ton courage sera égale à celui du lion, tu seras aussi brave que la laie qui défend ses petits. Mais pour cela il te faudra défendre et protéger ton maitre au prix de ta vie si nécessaire ». Dieu avait bien vu que le chien regardait avec une certaine admiration le rang des tigres, des lions, des panthères etc… Il lui dit « N’ais crainte petit être, sous ton air bourru, battra un cœur fidèle et bon et toute ta descendance héritera de tes qualités et il en sera ainsi jusqu’au jugement dernier ! Corz’ sera ton nom ».
Sur ces belles paroles Adam et Eve, accompagnés de leur fidèle compagnon quittèrent le Jardin de l’Eden à jamais, derrière eux la porte se ferma. Maintes fois l’homme et la femme se retournèrent pour voir encore ce lieu merveilleux. Bientôt il disparut à leurs yeux. Le cane corz’ ne se retourna pas une seule fois, droit et fier de son pas sûr, il suivit ces nouveaux maitres vers l’inconnu.
Il en fut ainsi jusqu’à aujourd’hui et selon la promesse du créateur, le can’ corz’ est resté le compagnon, fidèle protecteur de l’homme.

Auteur Giuseppe GIORGIO